Qui prend soin de nous ? C’est une interrogation, un cri lancé par tous ceux qui contribuent à prendre soin de tous. Le CASP s’est mobilisé à l’appel des 19 fédérations et collectifs associatifs d’Île-de-France, pour défendre les métiers de l’accompagnement et du social et faire en sorte qu’ils obtiennent une réponse.
A l’occasion du rassemblement du 28 septembre, Aurélie El Hassak-Marzorati, Directrice Générale du CASP, a pris la parole en tant que membre de la fédération Citoyens et Justice pour alerter sur le caractère indispensable des différents métiers du social, notamment pour les publics Justice.
Voici le témoignage qu’elle a partagé d’un salarié du CASP :
« Je travaille dans un Point D’accès au Droit dans une maison d’arrêt. Notre rôle en tant que consultant en accès au Droit est de répondre à l’ensemble des démarches des personnes détenues en vue de l’exercice d’un droit.
Pour autant, notre travail est d’abord humain : nous sommes au quotidien en contact avec des personnes avant tout confrontées à des difficultés personnelles qui ont des conséquences sociales et juridiques. Nous les recevons dès leur arrivée puis lors d’entretiens individuels tout au long de leur détention.
La majorité de nos échanges sont par courrier mais, afin de créer un lien de confiance durable, il est nécessaire pour notre travail de les rencontrer en entretien très régulièrement, en bâtiment directement, afin de pouvoir les accompagner au plus près, notamment pour les personnes ne maitrisant pas le français à l’écrit et/ou à l’oral.
Ces entretiens nécessitent concentration et compétence afin de pouvoir réaliser notre travail au mieux, au regard de la diversité et de la complexité des situations. Il peut s’agir par exemple de rédaction de récit de parcours d’exil relatant les traumatismes vécus, d’explications des droits et délais de recours compliqués, de constitution de dossier avec l’ensemble des preuves de la vie de personnes pouvant être en parcours d’errance, en rupture familiale et avec la société ; ou encore d’assistance à la saisine du Juge aux affaires familiales pour reconstruire un lien familial parfois écorché, ce qui est source d’émotions fortes.
Ainsi, il est très difficile d’apprendre que nous ne sommes pas compris dans la revalorisation du plan Ségur II en tant que travailleur intervenant en contact avec le public. Par ailleurs, la spécificité de notre travail, auprès des personnes incarcérées, est reconnue pour les conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation, compris dans le plan Ségur II et avec qui nous travaillons main dans la main. »
Entre la pénurie de personnels, les inégalités de traitement entre professionnels, les « oublié.e.s » de la revalorisation ainsi que l’épuisement des équipes : le fonctionnement des structures est durement touché, le secteur est à bout de souffle. Nous demandons des revalorisations justes et équitables pour TOUS les professionnels des métiers de l’Humain et de TOUS les secteurs !
Il faut prendre soin de ceux qui prennent soin des autres.
Nous comptons sur l’Etat pour prendre compte la situation de tous les intervenants au contact des publics en situation de précarité, que ce soit en centre d’hébergement, en détention ou dans tous les dispositifs d’accueil et d’accompagnement.