Zéro enfant à la rue !

Publié le 21 février 2023

Younes a 6 mois ; Adam son frère vient de fêter ses 2 ans. Les deux petits sont victimes d’infections virales à répétition. Ils vivent à la rue avec leur mère malade d’une noire tristesse et d’une inquiétude constante. Impossibles pour ces bébés de guérir dans ce contexte, de prendre du poids et de dormir pour bien grandir. Impossible pour la jeune maman aimante de prendre soin, comme elle le souhaiterait, de ses très jeunes et vulnérables enfants.

Younes et Madame B. sont connus par l’équipe de l’ESi Famille depuis plus d’1 an. Leur parcours d’hébergement est accidenté, fait de hauts et de bas. La petite famille a pu bénéficier d’une place en centre d’hébergement d’urgence l’hiver dernier. Et, suite à sa fermeture au printemps, ils se sont retrouvés sans toit. Madame B. a passé toute sa 2eme grossesse sans solution d’hébergement et après avoir accouché à l’hôpital, a été à nouveau confrontée à la pénibilité de la rue avec désormais deux enfants en bas âge. Depuis, Madame B. se dégrade physiquement. Epuisée, elle utilise désormais la poussette double des enfants comme d’un support roulant pour ses affaires. Elle transporte tous les jours un vieux matelas récupéré, pour que tous les trois ne dorment pas à même le sol. Elle est à bout, comme de trop nombreuses autres mamans.

En effet, à Paris, le 20 août 2022, selon l’UNICEF et la Fédération des Acteurs de la Solidarité,

880 personnes en famille (mères seules, femmes enceintes, parents, enfants) dormaient à la rue. Depuis les indicateurs sont au rouge. La situation s’aggrave. Chaque soir, le 115 reçoit plus d’un millier de demandes d’hébergement et ne peut proposer une place en hôtel ou en hébergement qu’à une famille sur 15. Ce sont, à titre d’exemple, plus d’une soixantaine de familles, qui poussent quotidiennement la porte de notre lieu d’accueil en quête de réconfort et de chaleur et qui le quittent à 17 heures, sans solution, à la recherche d’un recoin protecteur dans un hall d’immeuble ou une gare.

Malgré les moyens consentis par l’Etat, il est incontestable que les centres d’accueil sont non seulement insuffisants en nombre, mais aussi insatisfaisants par leur caractère temporaire et par la faible prise en considération de la spécificité liée à l’accueil des plus jeunes.

Il est temps de déclarer l’état d’urgence, une urgence sans condition, une urgence sans restriction, une urgence où la protection des enfants ne sera plus jamais remise en question.

C’est pourquoi depuis le 1er février, le CASP a décidé de lancer une action coup de poing !

Tous les mercredis soirs, une chambre d’enfant est reconstituée sur le trottoir, devant des lieux emblématiques de l’enfance : l’ESi famille, une école primaire du 17e arrondissement, l’hôpital Trousseau… pour illustrer qu’il est intolérable qu’en 2023 des enfants dorment encore à la rue !

Une centaine de salariés, administrateurs, personnes accueillies et bénévoles se mobilisent chaque mercredi pour dénoncer l’inacceptable et alerter les pouvoirs publics afin de trouver des solutions d’hébergement pour les familles en situation de rue.

Les medias nous soutiennent et relaient notre action : Libération, Le Parisien, France 3, Sud Radio, Fréquence Protestante…

La lutte continuera jusqu’à ce que l’on soit entendus.